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geoise, et le ferait toujours désormais.

— Eh ! dit-elle, qui te le commande ? Car tu me forces à te dire la première, ingrat, ce qu’il est si doux pour les femmes de se faire demander longtemps. Ah ! tu l’as trop bien vu : je t’aime ! Que te faut-il de plus pour être touché ? Je n’ai pas d’enfant, je suis riche, et l’on m’appelle au pays la belle Marianne. Je n’entends point me jouer de toi, mais te prendre pour mari. Je te ferai même donation plus tard, si je suis contente ; car j’ai plus d’estime d’un bon travailleur comme toi, et sage, que d’un de ces richards qui s’en vont jouer aux cartes dans les cafés, laissant leur femme au logis.

— Vous êtes mille fois trop honnête, bourgeoise, et je vous suis bien obligé, répondit le pauvre gars, à qui, de malaise, la sueur montait ; mais je suis fier, voyez-vous, et ne veux point avoir l’air de bailler pour argent mes amitiés.

— Tu es un garçon bien avisé, s’écria-t-elle, rouge de colère, de te tourmenter de