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amoureux. On y cueille abondamment, à la saison, l’airelle et la fraise. L’autre versant monte en pente douce, couverte d’un fin gazon, jusqu’à un bois de bouleaux qui le coiffe de son délicat feuillage. La prairie était toute semée de boutons d’or, d’œillets rouges, de sauges, d’amourettes, et, le long d’un ruisseau, d’iris et de myosotis, plus larges et plus bleus qu’ailleurs. On appelle ce lieu la Gorge au Drach, vu que ce lutin — et d’autres — le hantent et s’y ébattent chaque nuit, surtout par le clair de lune ; car, excepté Satan, roi des noires ténèbres, tout ce qui vit a besoin de clarté. Mais ce qu’il faut aux lutins, c’est le jour adouci de l’aube ou du crépuscule, ou la lumière argentée, dans les rayons de laquelle ils jouent, comme le poisson dans les eaux ; la lumière du soleil éblouit leurs veux trop tendres, et c’est pourquoi l’on n’a rien à craindre d’eux en plein jour.

On racontait sur ce lieu plus d’une histoire. C’était là, dans ce bassin où abondait