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Et Miette, que pensa-t-elle ? Avec son petit air tranquille, on n’eût su le dire ; mais si elle était rêveuse, ce n’était point de chagrin. À peine semblait-elle entendre les vilaines paroles que la Marianne lui disait. Chaque matin, quand Pierrille passait le long du pâturage, il en entendait partir un chant aussi clair que celui de l’alouette, et, surtout le soir, quand il revenait, c’étaient des sons longuement filés, si doux, qu’il sentait bien que la Miette y mettait son âme pour la pousser jusqu’à lui.

Quant à la Marianne, elle ne pouvait rien comprendre à l’idée de ce garçon, qui, ayant une fois connu sa bonne volonté, pourtant n’y revenait mie, et non-seulement la méprisait, elle qui valait bien d’être recherchée pour elle-même, mais aussi tout ce qu’il pouvait attendre d’elle pour son avenir. Ayant surpris quelques regards de Pierrille à la Miette, elle entrait en fureur de penser que cette pauvre fille lui pût être préférée, et son goût pour le galant n’en de-