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parlâssent presque point. Pas une fois, dans ces huit Jours, ils ne se rencontrèrent seuls que la Marianne ne fût aussitôt sur leurs talons, et Pierrille n’osa derechef aller joindre Miette au pâturage. Mais le germe, une fois confié à la terre, se développe seul ; de même l’amour au cœur de la jeunesse. Cette fille, près de laquelle il avait vécu un temps sans presque la voir, Pierrille la portait maintenant en lui-même, si bien que, chaque jour, sans même lui parler, il la connaissait davantage et l’aimait de plus en plus. À force de l’avoir présente en esprit, il devinait ce que voulait dire chaque trait de son visage et chaque geste ; il voyait se peindre sur son front, dans ses yeux, toutes ses pensées ; il eût dit sans hésiter ce qu’elle pensait de telle ou telle chose, ou ce qu’elle aimait le mieux. Plus enfin il la regardait, que ce fût elle-même ou en image, plus il la trouvait belle, bonne, charmante, honnête, aimable, habile, remplie enfin de toutes perfections.