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moulin. Mais pourquoi ce gros soupir ? Et pourquoi ces pleurs ensuite ? À moins que…

Pierrille n’était point avantageux[1]. Il rejeta donc cette pensée, et même en haussa les épaules. Parce qu’il était aimé de la Marianne, était-ce une raison pour se croire aimé de toutes les filles du canton ? D’ailleurs, il n’avait jamais dit un mot de galanterie à la Miette ; seulement, il avait pris sa défense quelquefois, quand la bourgeoise la grondait trop injustement.

Il rentrait au moulin à soleil couché, par le même chemin, ayant changé pour des sacs de blé ses sacs de farine, quand il vit encore, dans le pâturage, les moutons de la Miette. Une idée lui vint de savoir ce qu’elle avait, et si forte qu’il n’y put tenir. Il sauta donc à bas de sa mule, et tournant la bête en travers du chemin, l’attacha par sa longe à une aubépine. Cette mule étant la conductrice des

  1. C’est-à-dire fat, suffisant, interprétant les choses à son avantage.