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fallait savoir à quoi s’en tenir et s’en alla vers lui, résolue à le forcer de s’expliquer.

C’était un matin : Pierrille venait d’apprêter ses mules, il était monté pour donner un coup d’œil au moulin et ses instructions au petit gars, qui surveillait la chose en son absence, quand la meunière arriva. Elle était, je crois, plus jolie qu’à l’ordinaire, vu l’émotion qu’elle avait, et Pierrille se sentit le cœur tout serré en la voyant ; de sorte que, lorsqu’elle donna un ordre au petit valet pour l’éloigner, il dit brusquement :

— J’ai besoin de lui.

— Beau malheur ! dit-elle, vous attendrez. Va donc, Jacques ; c’est moi qui suis la bourgeoise ici.

— Pour cela même vous devriez savoir, observa Pierrille du même ton, que l’ouvrage presse, que le soleil est levé, qu’il me faut partir. Ou bien, est-ce vous qui allez verser les blés dans la trémie ?

— Puisque tu prends l’air de me commander… répondit-elle.