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ces regards et de ces soupirs commençait de le brûler fort. L’éclat des charmes de la meunière l’éblouissait, et, s’il se taisait encore, c’était respect et timidité bien plus que froideur.

Plus elle le voyait ainsi, différent des autres, plus la Marianne l’aimait. Elle n’avait connu jusque-là que des hommes plus ou moins grossiers, qui tout d’abord ont des hardiesses effrontées ; cette fois l’amour lui semblait nouveau. Elle était bien décidée à pousser les choses jusqu’au mariage, ne doutant point d’ailleurs de conduire aisément ce timide garçon, plus jeune qu’elle, et qui lui devrait tout son sort. Comme il était fort estimé et de si bonne mine, elle n’aurait point à rougir de lui.

La meunière ne doutait pas du consentement de Pierrille, n’ayant jamais vu, de la vie, la fortune refusée en aucun lieu ; cependant, cette réserve qui la charmait, à la fois l’inquiétait un peu ; l’amour la poussait d’ailleurs ; un jour donc, elle se dit qu’il