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de se décider ; car il n’y avait guère moyen de se refuser longtemps, sans mot dire, aux avances d’une jolie femme, qui, piquée de sa réserve, le cherchait partout et parlait de ses beaux yeux un si doux langage. Si matin qu’il partit pour sa tournée, elle venait dans l’écurie lui servir un verre de vin, encore presque endormie, les veux languissants, et le fichu un peu bien ouvert. S’il rentrait tard, elle se montrait inquiète, et le grondait ; mais de ce ton où la gronderie n’est qu’amour. Les jours où il restait au moulin, c’était bien pis ; elle était sur ses talons, sans cesse, avec cent prétextes de surveillance, qui tournaient toujours en des conversations d’amitié. Et plus cela allait, plus le garçon sentait fondre son cœur à ces gentillesses Il n’avait que vingt-deux ans ; il n’aimait point d’autre femme, et n’avait encore fait la cour à aucune, étant craintif, non de courage, mais de cœur. Quand ce n’eût été que par reconnaissance, il ne pouvait s’empêcher d’être attendri ; mais de plus, tout le feu de