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puisqu’il lui avait fait donation par contrat, au cas où il mourrait sans avoir d’enfants.

Marianne avait environ trente ans ; on peut bien croire qu’elle ne pleura le défunt que par grimace. C’était alors une maîtresse femme, encore belle et de superbe embonpoint, avec des joues rouges comme les coquelicots de ses blés, des dents blanches, des yeux noirs qui brillaient comme des vers luisants, la tournure leste, la voix ferme et cet air qui attire les hommes. Toutefois, si l’on se pressait bien à lui conter fleurette et à lui ravir un baiser, on craignait un peu de remplacer Jean Biroux, et plus d’un garçon prudent hocha la tête et chercha fortune ailleurs. Il s’en trouve toujours cependant qui n’estiment rien plus que la sécurité du manger et du boire, à l’abri du fouet de dame Misère. La Marianne fut donc demandée en mariage, mais, il faut le dire, par des gens qui ne flattaient pas assez son orgueil. Car elle prétendait haut, et puis elle voulait, cette fois, disait-elle, choisir à son gré.