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quoi ce lieu de la Milatière ne ressemble point à un autre. On s’y sent pris par quelque chose, un je ne sais quoi, qui rend languissant et met dans la tête cent rêvasseries, desquelles on aurait envie de pleurer plus que de rire, et qui pourtant plaisent au cœur et vous retiennent là. C’est ce qui s’appelle un charme ; et, en effet, le drach, les lutins et les follets aiment à demeurer en lieux semblables, et il s’y passe plus de choses étranges qu’ailleurs.

L’ancien meunier s’y noya, — un vieil avare, dont les héritiers vendirent à Jean Biroux, du village voisin des Ploches, lequel, bientôt après, épousa Marianne Chalux, une belle fille toute jeune ; elle n’avait pas plus de seize ans. Pour Jean Biroux, il en avait passé trente, ayant été retardé de se marier par la conscription d’abord, et puis par une maladie qu’il avait rapportée de là-bas, ainsi qu’un coup de sabre à travers le visage. Il n’en était pas plus beau, mais il avait de l’argent ; son père lui avait laissé une somme