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Vous devez avoir entendu parler du moulin de la Milatière, à près de deux lieues d’ici ? Un endroit joli, mais un peu triste. La Vézère y est plus profonde ; les coteaux plus hauts et plus roides : les uns couverts de bois, les autres pleins de rochers, où se penchent les sorbiers et les bouleaux.

Le moulin est bâti au-dessous d’un saut de quinze pieds que fait la Vézère, et la gorge est si resserrée à cet endroit, qu’en grimpant un sentier, parmi les coudriers, les églantiers et les aunes, sur de gros blocs de roches, qui s’avancent, on arrive au-dessus de la cascade, pour la regarder tomber. C’est chose belle à voir cette lame luisante, fine, un peu recourbée ; on dirait un grand hoyau. Et voilà du temps, depuis que le monde est monde, que ce hoyau bêche toujours au même endroit, de sorte que, sous l’écume blanche et tournoyante, se creuse un gouffre profond, un gouffre de mort. Nuit et Jour, et surtout la nuit, s’entend le bruit de cette eau glissante. C’est une des raisons pour-