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montait en sautillant, avec un rire pareil au bruit de cailloux froissés, vint éclater à leurs oreilles, disant :

— Il m’a porté ! il m’a porté ! il s’est cassé !

Le tisserand et le berger, saisis de terreur, tombèrent la face contre terre dans le sentier. En même temps, leurs charges, se détachant d’eux, se mirent à rouler sur la pente, en criant aussi :

— Tu m’as porté ! tu m’as porté ! tu m’as porté !

Et les échos de répéter les éclats de rire des lutins, dont les voix fêlées chantèrent longtemps encore au fond du ravin leur refrain moqueur :

— Tu m’as porté ! tu m’as porté !

Voilà comment nos méchantes actions nous rendent le jouet des esprits qui habitent autour de nous, connaissant comme nous le bien et le mal, et voyant clair dans nos âmes. Et cela ne doit point effrayer les gens de bien, car les esprits n’ont aucun