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avec leurs bêtes, ont l’oreille plus fine et les yeux plus perçants que les autres, et que même ils savent entendre le langage des choses, à preuve qu’ils sont sorciers presque tous.

Nos gens donc reprirent leur marche ; mais ce ne fut pas pour longtemps. Suant, soufflant, pouvant à peine détacher leurs pieds de contre terre, car le poids de ce qu’ils portaient devenait de plus en plus lourd, au bout de quelques minutes, ils s’arrêtèrent derechef ; et tandis qu’ils s’essuyaient le front, en regardant autour d’eux, avec des regards troublés, ils se demandèrent ensemble : — Où sommes-nous ?

Cette fois, ils n’avaient pas la voix du tout rassurée, même le tailleur ; car c’est une route bien connue que la route de Lonzac, pour ceux de chez nous ; et s’y égarer, même à nuitée, est une chose qui ne peut se faire, à moins d’être, comme on dit, dans les vignes du Seigneur, ou sous le pouvoir du malin esprit.

Nos gens donc se voyaient dans un sen-