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ser un autre, et mon père et ma mère, qui eussent dû me diriger pour le bien et m’avertir, m’ont, au contraire, fait commettre un grand péché. Maintenant que je le déteste, et ne puis seulement l’envisager, il me faudra cependant passer ma vie à l’aider et le servir ; et quand je regarde mes deux enfants, si je viens à trouver en eux quelque trait de sa ressemblance, il m’en faut détourner la vue, de peur de ne plus les aimer comme miens. Adieu donc ! va, et laisse-moi ! le bon Dieu m’a maudite ; je suis condamnée. Fais-moi seulement la grâce de te consoler, afin que je n’aie point ton malheur à me reprocher en plus du mien. Quitte le pays le plus tôt possible, comme tu l’avais décidé sagement, et quand tu seras loin, tâche d’aimer une autre femme et de pouvoir être heureux. Seulement, n’en épouse aucune que tu ne l’aimes bien.

Alors, voyant que les ombres étaient devenues petites, et que le soleil venait les trouver entre les feuillées, elle pensa qu’il allait être