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parlait aussi haut que celui de Baptiste ; mais elle avait trop de cœur et de bon sens pour abandonner ses deux petits. Elle fit donc, d’un grand courage, l’effort de résister au chagrin de son ami, et toutes les bonnes paroles qu’elle put imaginer pour le rendre plus calme, elle les lui dit. Malheureusement, il n’y en avait qu’une seule qu’il voulût entendre, si bien que, lasse à mourir de lutter ainsi contre lui et contre elle-même, elle lui fit enfin ce reproche :

— Tu ne penses qu’à ta peine, et me la fais cruellement expier. Cependant, ma part à moi est grandement plus lourde. Tu ne sais ce que c’est que de vivre aux côtés d’un homme qu’on ne peut aimer. Hélas ! si je l’avais su ! Ma faute a été durement payée. À présent, je ne veux plus m’empêcher de le haïr, et j’aurais horreur qu’il me touchât seulement la main ; mais, quand je croyais encore lui devoir quelque amitié, que de tristesses j’ai endurées ! Oui, quand on a dans le cœur l’amour d’un homme, il n’en faut point épou-