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moins à son aise, car il n’avait osé, dans leurs rencontres, la regarder que du coin de l’œil, ne pouvait se lasser de la contempler. Il la retrouvait la même, sauf un regard profond et triste, et une grâce languissante, qu’il ne lui connaissait pas. Elle avait aussi la taille un peu plus ample ; les plis du fichu croisé sur son sein s’étaient élargis et gonflés, comme les pétales d’un bouton qui s’épanouit. Baptiste remarqua cela, et songeant que c’étaient les caresses d’un autre qui lui avaient ainsi changé sa Mélie, il grinçait des dents et fermait les poings avec fureur. Pourtant, il ne pouvait se lasser de la regarder. La chèvre, voyant sa maîtresse ainsi toute songeuse, ce que les bêtes ne comprennent point, vint, la poussant de la tête, chercher quelque croûte dans les poches de son tablier. Mélie alors, comme réveillée, distraitement la caressa, et s’éloigna quelque peu, mais lentement ; et de temps en temps elle soupirait du plus profond de son cœur, pensant à celui qu’elle ne savait pas si près d’elle. En passant,