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En fait, rien qu’à voir la physionomie de toutes choses, il serait fou de s’imaginer qu’il n’y a de pensée qu’en nous. Le chat, l’oiseau, la mouche, tout ce qui va quelque part, a son idée. Les arbres d’un lieu ne sont point les arbres d’un autre ; ceux de mon jardin me sont comme apparentés, et me disent quelque chose de familier quand je les regarde. Partout enfin, il y a de l’âme, peu ou prou, selon l’idée du bon Dieu ; et que chaque chose ait la sienne, petite ou grande, c’est ce qui, pour les gens de sens, ne fat point de doute. Il y a donc aussi, dans les airs et dans les eaux, dans les rayons du jour et dans les ombres du soir, comme dans les ténèbres de la nuit, des habitants de ces choses-là, qui sont d’une matière plus fine que la nôtre ; c’est la raison pour laquelle nos yeux ne les volent pas ; mais nous les sentons par l’âme, quand nous avons le temps de rêver.

Pour moi, lorsque je m’assieds le soir après souper sous mon vieux poirier, je ne suis pas longtemps à entendre, si je suis seule, toutes