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une femme riche ; mas non, il était resté le même, bien que croyant être trahi par Mélie ; sa dernière lettre, qu’ils venaient de recevoir, et qui annonçait son retour, disait en même temps qu’il ne passerait qu’un mois à Treignac, voulant seulement les revoir et les embrasser ; puis, qu’il s’en irait ailleurs travailler de son métier, ne pouvant se résigner à voir sous ses yeux Mélie devenue la femme d’un autre.

Assurément, la Bénotte eût mieux fait de tenir sa langue que de venir troubler l’âme de cette pauvre femme, après lui avoir gâté sa vie. Mais il y en a comme cela chez nous, qui parlent sans rime ni raison, et disent du mal d’elles-mêmes, plutôt que se taire. Et puis, craignant la colère de son fils, elle voulait prier Mélie de ne lui rien dire, sachant bien que le moindre mot entre eux expliquerait tout. Ce n’est pas chez nous comme à la ville, où les gens qui ont des reproches à se faire ne se voient point. Ici, on se rencontre un peu partout, forcément, et la Bénotte de-