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gnement les séparait encore plus, et l’on disait, ce qui n’arriva que trop, que de ceux qui partaient il n’en reviendrait guère. Tourmentée par ses parents, voyant leur misère et pouvant sauver leur bien, lasse à la fin de lutter contre tout le monde, et n’ayant presque plus souci d’elle-même, la pauvre fille céda, et se laissa marier.

Les Chérin virent bientôt à quel gendre ils avaient affaire. Ils avaient compté sur la remise du billet, mais point. Il laissa même à leur charge tous les frais de noce, qui, d’après la coutume, se font par moitié ; puis, les intérêts n’en coururent que de plus belle et si bien qu’en faisant le jardin de son gendre tous les ans, sans même y trouver un morceau de pain, le pauvre père Chérin n’en put attraper le bout. Pour Mélie, elle était surveillée de si près qu’elle ne pouvait rien donner aux siens, et que pas un liard ne passait entre ses mains qu’elle n’en dût rendre bon compte. En outre, sachant bien que sa femme ne l’aimait pas, le tailleur était