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riche et heureuse, et pourrait dans le besoin leur venir en aide.

Ces discours-là causèrent à la pauvre fille autant de surprise que de chagrin ; car elle avait perdu toute idée de se marier, et dès l’abord elle ne sut que pleurer et protester, jurant la chose impossible. Mais tant et tant ils y revinrent chaque jour, et à tout moment, tantôt la priant, tantôt se fâchant, qu’elle ne savait plus que leur répondre.

Au tailleur, quand il lui parla, Mélie dit tout franchement qu’elle ne voulait point se marier, et prendrait plus volontiers la rivière pour lit de noces. Il fit le fâché, sans y renoncer pourtant ; car ces gens-là, égoïstes, qui vivent tout seuls en eux-mêmes, le vouloir des autres n’est rien pour eux.

Il s’y prit alors d’autre sorte, demanda son dû au père Chérin et menaça de l’huissier. Ayant son billet, il pouvait faire vendre la maison. En ce temps-là, Baptiste venait de partir pour la Crimée. Mélie, assurément, ne comptait plus sur lui ; mais ce grand éloi-