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dépit de toutes les rangées de dents, bien belles et bien blanches, qui ne manquaient au logis. On ne pouvait s’empêcher d’avoir grande obligation au tailleur ; il allait chez eux maintenant, tous les dimanches, et le monde voyait bien ce que cela voulait dire. Mélie était la seule à n’y pas penser.

Un dimanche, qu’elle état assise sur le coffre, toute songeuse, comme d’habitude, le tailleur vint s’asseoir près d’elle, essaya de la faire causer, et tout d’un coup l’embrassa. Mélie se recula vivement, et le regardant en colère le menaça d’un soufflet. Mais il ne fit qu’en rire et la mère Chérin gronda Mélie. Le soir, quand ils furent seuls, en famille, devant le foyer, les parents commencèrent l’éloge du tailleur, et comme quoi c’était un homme sage, économe, rangé, possédant tel morceau de terre ici, tel autre là, tant d’aunes d’étoffe, tant de mobilier, plus quelques créances, et ajoutant que c’était un bonheur pour Mélie qu’il la voulût bien, qu’elle serait