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le décida, moyennant crédit, à se faire faire un habit complet, ni plus ni moins qu’un propriétaire. Pour être juste, il faut dire que ce n’était pas sans besoin. La veste et la culotte du-père Chérin n’avaient pas, comme on dit, le premier morceau, et n’étaient plus formées que de petits carrés de toutes les couleurs, plaqués les uns sur les autres ; dont les plus vieux bâillaient à la peine, tandis que les neufs, solides et brillants de teint, s’étalaient glorieux à côté. Mais enfin, la Chérin, bonne ménagère, trouvait toujours quelque morceau à remettre par-dessus celui qui s’en allait, et les vêtements ainsi petassés n’en sont, comme on dit chez nous, que plus chauds. Un père de famille n’a d’ailleurs pas besoin de tant farauder, et avec sa blouse de coton, qui recouvrait tout le dimanche, le père Chérin avait encore assez bon air. Toutefois, sur les instances du tailleur, il consentit à se faire faire un habillement à crédit, et il l’eut juste le jour où Mélie tomba malade ; car, à force de travailler avec la fièvre, sans se soigner,