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à lui, de méchanceté, eût deviné le fond de l’affaire ; mas cela n’arriva point.

Dans leur village, les Chérin ne voyaient que fort peu de monde, et Mélie se renferma chez elle avec son chagrin. Il n’y à pas tant de gens, d’ailleurs, qui prennent intérêt aux affaires des autres, si ce n’est pour en jaser.

On dit seulement : C’eût été merveille si, le fils parti, les Bénot avaient continué de choyer Mélie. On s’occupa de blâmer, non de consoler ou d’aider. De temps en temps, quand Mélie traversait la ville, on remarquait sa tristesse et sa pâleur.

— Eh la pauvre ! disaient les femmes, elle prend cela trop à cœur.

— Bah ! ça passera bien, répondaient les hommes ; il ne s’agit que de trouver le consolateur.

Et plus d’un garçon voulut éprouver s’ils disaient vrai. Mais la triste Mélie les écartait d’elle si doucement, et avec de grands yeux si surpris de leur idée, qu’ils n’osaient plus lui parler.