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de son cœur, le faillit faire. Sa fierté de fille la retint pourtant. Ne sachant où donner de la tête, elle alla trouver M. le curé.

— Il se plaignait d’elle, en effet, le pauvre Baptiste, qui souffrait pareil chagrin, puisque les lettres de Mélie lui manquaient également. Bien que cette fois, comme toujours, il en eût écrit long à sa fiancée, la lettre à ses parents n’était encore pleine que de cet ennui ; et c’est cela qui avait tant remué le cœur de la mère et sa conscience. Malgré sa jalousie, elle ne pouvait s’empêcher de souffrir du mal de son fils, surtout en étant la cause ; mais le moyen d’avouer ce qu’elle avait fait ? Et puis, elle avait lu, avant que de la brûler, la lettre de Baptiste à Mélie, et il y avait dedans tout à la fois une si grande douleur et une si forte amitié, que la mauvaise âme en avait été encore plus malheureuse et plus enragée.

— S’il se marie avec cette fille-là, se dit-elle, nous autres ne lui serons plus de rien.

De sorte que, tout en éprouvant la honte et