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l’instruction publique, au lieu de cette troupe de gens en livrée qu’avait conservés le 4 septembre, on trouvait une bonne à tout faire, un employé d’antichambre et un portier.

Depuis, que s’est-il passé dans ce Paris, rendu au pouvoir des gens de l’ordre ? Toutes les maisons ont été fouillées, perquisitionnées de fond en comble, non pas seulement une fois, mais deux, trois et quatre. Et dans ces perquisitions, des vols, des saccages, ont été fréquemment commis. J’ai beaucoup de faits particuliers ; je n’en citerai qu’un général. Tous ceux qu’on fusillait étaient dépouillés de ce qu’ils portaient sur eux, argent et bijoux. Et l’argent, et souvent les bijoux, étaient distribués aux soldats, prime de meurtre.

Les meurtres, il n’y en a pas eu sous la Commune, sauf l’exécution aux avant-postes de quelques espions (sept en tout), fait habituel de la guerre. Tout ce grand fracas, toutes ces menaces, tout ce pastiche de 93, que fit la majorité de la Commune, consista seulement en mots, en phrases, en décrets. Ce fut de la pose. La loi des ôtages ne fut pas appliquée, grâce à la minorité ; grâce aussi, je le crois, à la secrète répugnance de ces copistes de la terreur, qui en dépit d’eux-mêmes étaient de leur temps et de leur parti — car la démocratie actuelle est humaine. La loi des ôtages ne fut appliquée que le 23 au soir, quand le pouvoir communal n’existait plus de fait (sa dernière séance est du 22.) Ces exécutions eurent lieu par les ordres seuls de Raoul Rigault et de Ferré, deux des plus malheureuses personnalités de la Commune, qui jusque là n’avaient cessé, toujours en vain, de réclamer des mesures sanglantes.