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crois au contraire que c’est une des raisons pour lesquelles nous allons si lentement. — Ils oublient que la vie d’un penseur à deux faces : le droit pour lui-même d’aller aussi loin qu’il peut, et d’explorer l’absolu — le devoir, vis-à-vis des autres, de se faire comprendre. Or, on n’est compris des gens qu’en leur parlant dans leur langue, et en les prenant au point où ils sont, pour les amener, s’il se peut, à soi. Le parti avancé en un mot, est intolérant — et il n’est pas le seul — mais seulement il le montre davantage.

Et cependant, je persiste à le croire, un traité d’alliance serait possible, qui, réservant en dehors les convictions et la liberté de chacun, réunirait contre l’ennemi de la paix sociale, et dans la réalisation d’un programme commun, toutes les fractions de la démocratie. Car ils sont nombreux, les points sur lesquels on peut s’entendre, avant ceux où l’on peut se diviser : toutes les libertés à reprendre, de presse, de colportage, de réunion ; la liberté communale à fonder ; l’impôt unique et progressif ; l’organisation de l’armée nationale et citoyenne ; et enfin et surtout peut-être, l’instruction démocratique, gratuite et intégrale.

Tant qu’un enfant naîtra, n’ayant d’autres fées à son berceau que la mort, toute prête à trancher, faute de soins, sa frêle existence, et la misère qui, s’il échappe à la mort, rachitisera ses membres ou atrophiera ses facultés, le vouera aux douleurs incessantes du froid et de la faim, et même souvent, hélas ! aux rudesses maternelles, au lieu de cette fête de la vie, que la femme riche ou aisée donne à son enfant ; tant que, élevé dans la rue, dans le bouge, son enfance chagrine sera sevrée, même de