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et si la bourgeoisie ne lui envoyait ses rebuts, ses fruits secs, et les incapacités vaniteuses, qu’elle s’entend si bien à produire ! Car ce sont eux surtout qui, pour se mieux faire entendre, crient les choses insensées ; qui éblouissent aisément le peuple par une rhétorique pleine de mots, et vide de bon sens ; qui, pour le plaisir de se faire chefs, l’entrainent à des entreprises folles et désastreuses ; qui, au lieu de le porter à la réflexion, de l’instruire dans la justice, n’excitent en lui que la haine et la passion. Ce sont ces échappés de collège qui, n’ayant dans la tête que des souvenirs et des phrases de livre, font, de l’idée communale, diffusion de la liberté, le Comité de Salut public, son contraire. — Car, ce qu’on ne sait pas assez, ce qu’il faut dire et redire, c’est que la révolution du 18 Mars n’a point été aux mains du socialisme, comme on l’affirme avec intention ; mais encore et toujours, aux mains du Jacobinisme, du Jacobinisme bourgeois, par sa majorité, composée surtout de journalistes, d’hommes de 1848, d’étudiants, de clubistes. La minorité, ouvrière et socialiste, empêcha quelquefois, protesta presque toujours, mais ne put jamais imprimer aux affaires sa direction.

Mais, que le parti démocratique ne soit pas parfait dans tous ses membres, — ce qui d’ailleurs est le fait de tous les partis, — qu’importent les personnes à qui croit profondément aux principes, et sent son devoir de travailler ardemment à leur réalisation ? En ce monde, et en ce temps, le combat est partout ; mais il faut combattre ou périr. Ces pruderies, ou ces découragements, n’ont rien qui ressemble à la conviction et au dévouement, et elles