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inévitablement en force et en puissance, il s’en prenne lui-même aux faits, plus brutalement peut-être.

Cette loi enfin, je le répète, est en opposition avec l’intérêt même de la plupart de ceux qui la défendent ; avec l’intérêt de tous ceux qui n’ont pas trouvé dans leur berceau la clef d’or qui ouvre les portes de la vie.

Elle tient en servage, tout comme le pauvre, cette grande majorité de la bourgeoisie qui vit de son travail, de sa capacité, et qui même, peut-être, dépend plus que le manœuvre du bon plaisir et de la faveur des capitalistes, des grands. Seulement, plus proche des sources de la fortune, elle croit pouvoir y tremper plus facilement ses lèvres, et même quand le flot la fuit, espère toujours, — ou ne se désaltère qu’au prix de ces complaisances, de ces abdications, qui sont la honte, la faiblesse et le malheur de ce temps.

Pour beaucoup d’esprits, cependant, cette loi du capital est fatale, insurmontable. — C’est la superstition du fait. — Il n’y a rien de fatal contre la justice. Des solutions ont été proposées ; elles sont à examiner sans parti pris. Il y en a de plus ou moins radicales ; mais toutes demandent à être abordées avec la haine complète et sincère du passé de droit divin, avec la foi complète et sincère de la révolution du : droit humain, avec le désir de l’égalité.

Nous l’avez posé sur vos programmes, ce problème, mais l’avez-vous abordé assez franchement ? dans toute l’ardeur, dans toute l’indépendance dont votre pensée, dont votre conscience sont capables ? Avez-vous commencé, comme autrefois on déposait ses sandales au seuil d’un temple, par déposer les habitudes, les pré-