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Je sais bien qu’on peut dire : ce sont les rages et les convulsions de l’agonie. Je le crois aussi. Mais songez-y, cette agonie peut être longue. L’ignorance populaire et la monarchie sont deux lignes courbes qui en se soudant forment un cercle, où l’on peut tourner longtemps, où l’on rentre, hélas ! vous le voyez, même après l’avoir rompu. Il y a des agonies qui sont des putréfactions, et qui empoisonnent tout autour d’elles ; des caducités qui pervertissent les enfances. Il y va de vie ou de mort ; d’infection ou de santé, pour nous, pour nos enfants, pour beaucoup de générations peut-être. Voyez comme de quasi quarts de siècles, se succèdent, des empires aux royautés, et considérez que depuis 80 ans, nous n’avons pu même revenir au point du départ. Enfin, voyez où en est la France. Ne pensez-vous pas que c’est peut-être assez de telles expériences, et qu’il est bien temps de les cesser ? Qui peut se sentir la force d’âme, ou d’inertie, nécessaire, pour supporter de nouveau de pareils déchirements, de tels cataclysmes, pour assister à d’aussi épouvantables spectacles ?

Et pourtant, de quelle sécurité pourrait-on jouir, tant que les mêmes ambitions malsaines et criminelles feront du monde leur dupe et leur proie ? Le secret de la tragi-comédie qui se joue, qui ne le sait ? Après ce nouveau Juin beaucoup plus terrible, ce va être une nouvelle suppression du mot République, une restauration nouvelle. La plus honteuse même se flatte d’être la plus facile. Elle n’a pas perdu les campagnes ; elle tient tous les postes, que les grands républicains du 4 Septembre lui ont laissés, et l’armée, qu’au prix de l’égorgement de Paris, on lui a rendue…..