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moins pour des croyances ; aujourd’hui pour des appétits.

Votre conviction à tous est qu’il n’est d’autre issue à la période fatale où nous sommes, que par l’éducation populaire. Il faut — il n’y a pas de milieu — vivre du suffrage universel, ou en mourir. S’il reste dans les ténèbres où il est plongé, nous en mourrons — et l’on ne saurait nier que la France déjà n’en soit bien malade et bien diminuée. — Nous en vivrons d’une vie plus large, plus heureuse, plus forte, si la lumière y pénètre. Eh bien, que fait pour l’instruction publique le gouvernement actuel de la France ?

La révolution du 18 mars avait enlevé l’école à l’immonde et funeste enseignement du prêtre. On la lui rend. Ce gouvernement, défenseur de la morale, ignorerait-il donc cette horrible corruption des mœurs de l’enfance, qui, malgré tant d’obstacles apportés à sa divulgation, éclate en scandales si épouvantables et si fréquents ? Non, sans doute, mais que leur importe ? L’histoire de Loriquet et le dogme de l’obéissance sont des enseignements si précieux pour l’électeur ! Et puis la corruption ne favorise-t-elle pas l’abêtissement ?

À la tête de l’instruction publique, se trouve un homme, seule épave du 4 septembre, dont le nom fut pour les naïfs un avénement. Auteur léger de plusieurs gros livres, de la Religion naturelle, entr’autres, cet homme a surtout bâti sa réputation sur ce grand sujet, sur cette nécessité première, d’une sérieuse instruction publique. Il l’a sous sa direction depuis un an. Pendant le siége, la plupart des municipalités de Paris, pleines de zèle à cet égard, nommèrent des commissions, qui proposèrent des réformes, et tout d’abord l’exclusion des prêtres de