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isola de nouveau Paris, et la calomnie officielle dont l’empire avait fait une institution, devint un service public, appuyé avec ensemble par tout le chœur des calomnies officieuses. Paris était à feu et à sang… en province. On y jetait les enfants dans la Seine ; on y clouait les vieillards contre les murs. — L’humanité semble divisée en roués et en naïfs, en gouvernants et en gouvernés. Les bonnes gens crurent tout cela… parce qu’on le disait. J’ai vu des lettrés, des intelligents, des démocrates, n’entrer à Paris qu’en tremblant.

Combien y a-t-il d’esprits indépendants qui se soient dit : Quand les vainqueurs ont seuls la parole, quand les vaincus ne peuvent rien alléguer, ni rien démentir, il est de justice et de sens commun de suspendre son jugement ?

Combien y a-t-il de gens qui aient voulu douter des accusations calomnieuses, répandues à pleines colonnes par les journaux officieux, et odieusement répétées par les autres, sur les hommes et les faits de la Commune, et, sur tous ceux en général qui avaient pris parti pour la révolution communale ? Eh bien, je demande à citer deux faits comme exemple ; et s’ils ont-un trop grand caractère de personnalité, que j’aurais évité en toute autre occasion, c’est que plus le témoignage est direct, plus il est concluant :

Non contents de m’avoir fait arrêter, interroger, puis, relâcher, sans que j’aie jamais cessé d’être libre… dans une cachette prudente, un journal, dont on s’abstient de prononcer le nom par pudeur, a osé mêler à des extraits d’articles écrits par moi, des lignes qu’il signe également de mon nom, et où il me fait demander à la Commune… des fusillades. — On m’a fait encore prononcer un dis-