Page:Leo - La guerre sociale, 1871.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 10 –

patrie, pas plus que leurs princes ; ainsi voit-on ceux-ci, dès que la France est abattue, accourir sans pudeur, chacals affamés, sur cette proie. Le premier souci des faux républicains du 4 Septembre n’est pas l’ennemi national, c’est la démocratie populaire. Après tout, Guillaume est un roi ; entre rois et conservateurs on s’arrange toujours ; le pis est de payer, et c’est le peuple que cela regarde. Mais la démagogie ! mais le socialisme ! grands dieux ! Avoir le peuple pour maître au lieu de le gouverner ! Se voir disputer cette oisiveté dorée, qu’on a conquise, au prix, déjà, de tant d’autres capitulations ! — Ils n’eurent plus que cet objet, que cette peur, et lui sacrifièrent la France. La République victorieuse, arrachant le pays à l’abime où l’avait jeté la monarchie, cela pouvait être la fin du vieux monde.

Paris surtout, Paris ! c’est lui qui excitait leur terreur. Paris socialiste, Paris armé, délibérant dans ses clubs, dans son conseil et s’administrant lui-même ! Ce génie si longtemps captif, et même alors dangereux, enfin délivré ! Quel exemple ! Quelle propagande ! Quel péril !

Et puis, Paris est la seule place où l’on puisse asseoir le trône. Mais le peuple l’occupait, cette place, le peuple armé ! Il fallait donc là déblayer à tout prix. Mais le prétexte d’une telle mesure ne pouvait être qu’un méfait du peuple, un abus de ses armes, une insurrection enfin qui du même coup permettrait de fusiller et d’emprisonner les démocrates. — Ce plan n’est pas nouveau, il est presque aussi vieux que les aristocraties. Les conservateurs n’inventent plus… mais ils perfectionnent. Jamais en effet jusqu’ici, rien de ce genre n’avait été fait d’aussi grand.