— Nous ne savons rien, dit l’homme.
— Il faut apprendre. Et pourquoi ne serait ce pas des vôtres que vous nommeriez, au lieu de prendre des gens qui ont des intérêts différents, et qui font leurs affaires au lieu des vôtres ?
— Sauraient-ils seulement par quel bout s’y prendre ?
— Pourquoi pas ? dit-elle. Avec un peu de patience et beaucoup de bonne volonté… Après tout, allez, le bon sens vaut l’instruction en bien des choses, et chacun sait mieux que tout autre ce qu’il lui faut.
Ils s’appesantirent sur ce sujet, convinrent que c’était une bonne idée, et que le peuple ferait mieux de faire lui-même ses affaires. Sa femme approuvait. L’apprenti et les enfants écoutaient de toutes leurs oreilles. Sidonie revint, l’âme rafraichie par cette conversation avec un homme simple et sensé, l’esprit tout occupé des idées qu’elle venait de soulever et qui lui étaient nouvelles, au fond, assez satisfaite d’elle-même. La pauvre enfant venait de se perdre. Cette conversation, rapportée, fit grand bruit dans le pays, où l’on railla fort l’institutrice et sa politique, sans vouloir songer que la pauvre enfant avait été poussée forcément sur ce terrain.
La colère du maire et l’indignation du curé furent extrêmes. Quoi ! voilà la propagande que faisait, sous leur égide, Mlle Jacquillat. Elle semait dans le pays des idées aussi détestables ! Elle excitait contre les riches et les gens considérés ! Elle arrachait au duc ces voix qu’ils se donnaient tant de peine, à rassembler ! Elle trahissait ainsi leur confiance ! Ils écrivirent au recteur et au préfet. Sidonie fut représentée comme une intrigante, imbue