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s’était chargée elle même des fonctions de cicerone.

— Mais… pour les visites.

— Où ! l’autre recevait le monde dans sa cuisine ou bien dans l’école.

— Pas une pièce où mettre mes meubles de salon ! s’écria Mme Jacquillat avec désespoir.

Elle était vraiment éperdue, au point qu’elle pris à témoin de son malheur la voisine obligeante et familière et le menuisier, qui entrait portant des fauteuils de velours d’Utrecht, fanés il est vrai, usés même, mais qui avaient été si beaux autrefois.

— Où mettre tout cela ?

Dans l’école ? dans la cuisine ? C’était insensé. Mme Jacquillat s’arrachait les cheveux.

Elle avait pensé jusque-là que le logement des institutrices n’était pas une dérision.

— Il y en a pourtant qui n’en ont pas tant que vous, dit la femme, et elle cita une commune voisine où l’institutrice n’avait qu’une seule chambre pour faire la cuisine, dormir et manger.

— Il y a des gens à qui cela peut paraître supportable, répondit Mme Jacquillat, mais quand on a mené une vie toute différente !… on se trouve bien malheureux…

— Comme ça, vous étiez riche auparavant ? lui demanda la voisine.

— Hélas ! notre position ne ressemblait guère à ce qu’elle est maintenant, répondit Mme Jacquillat, en essuyant quelques larmes.

Et sur cela, ses interlocuteurs témoignèrent leur compassion.