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son voisine, et le charretier dit en sautant par terre :

— Là ! nous voilà arrivés !

C’était une petite maison construite en bois et en terre et couverte de chaume, comme toutes les maisons pauvres de ce pays, où manque la pierre et la terre à tuiles. Elle se composait du rez-de-chaussée et d’un étage mansardé. Au-dessus d’une porte vitrée, le pignon donnant sur la rue encadrait dans son triangle une petite fenêtre. Les voyageuses n’étaient pas encore descendues que de toutes parts apparurent aux fenêtres et au seuil des portes voisines des figures curieuses ; les enfants sortant des maisons vinrent se grouper autour de la charrette ; les gens qui suivaient la rue s’arrêtèrent, et enfin les habitants des maisons voisines, un à un, vinrent se joindre au rassemblement. La jeune fille était devenue toute rouge d’embarras et la mère avait pris un air gourmé et scandalisé, qui parut bizarre à tout le monde et ne mit personne en fuite.

« L’institutrice ! murmurait-on çà et là, c’est l’institutrice. »

— Dites donc vous autres, s’écria le charretier, qui enlevait la toile de sa charrette, c’est pas le tout que de regarder, vaudrait mieux donner un coup de main.

Les interpellés se regardèrent sans bouger ; l’un d’eux, enfin, se décida à répondre.

— Hé ! j’sommes pas payé pour ça.

— Ah ! les feignants ! répliqua le charretier. Allons donc ! allons donc ! venez seulement. C’est des dames comme il faut, qui vous payeront bien. Pas vrai, madame Jacquillat ?