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ration des gens du pays. Mlle Jacquillat ne l’avait pas encore vue ; car en deux mois Mme de Néris n’avait paru qu’une fois à l’église, et son banc se trouvait tout près du chœur, beaucoup au-dessus de l’humble banc, où la cordialité d’une famille villageoise ménageait une place à l’ex-institutrice. Malgré ce peu de ferveur religieuse témoigné par la châtelaine, le curé de Rochelande n’en était pas moins empressé à lui rendre ses devoirs. Il avait déjà dîné plusieurs fois chez elle, et en avait obtenu la promesse d’une cloche dont elle devait être la marraine.

— Vous avez beau me railler, Raoul, je suis lasse. Vous m’avez emmenée trop loin, et je ne sais plus comment je pourrai remonter à ce perchoir qu’on nomme mon château. Laissez-moi faire une halte ici, ou bien, si vous trouvez indigne de vous reposer près de moi, allez dire à Florent de m’amener la calèche.

Le jeune homme se penchant à l’oreille de la dame lui désigna Mlle Jacquillat.

— Qu’importe ? répondit-elle.

Et plus bas :

— Vous savez bien que j’aime à faire connaissance avec mes vassaux.

Ils s’avancèrent alors vers le banc de pierre où était assise Mlle Jacquillat, qui se leva.

— J’avais espéré, madame, ne pas vous déranger, dit Mme de Néris ; il y a place pour trois, et nous ne resterons qu’un moment.

L’excuse était d’autant plus gracieuse que le banc et tout le terrain environnant faisaient partie des terres du château.

(À suivre)

ANDRE LÉO