tie, sujet de tous, reçoit à peine, pendant sa fonction, le pain nécessaire à l’existence, et meurt de faim dans sa vieillesse.
Mais ce cri formidable, glas du vieux monde, s’élève de plus en plus, retentit sans cesse plus fort : La science au peuple ! Bien, cela servira de marchepied, voilà tout, à l’ambition hypocrite. Réclame de candidat, orviétan politique. Tel s’empare de cette formule, l’écrit sur sa toque, monte par elle au pouvoir, et, quand il tient la clef du sanctuaire, ce n’est pas au peuple qu’il l’ouvre, c’est à l’ennemi. Et après avoir cantonné l’ennemi du peuple et de la science dans les postes de la science populaire, il déclare que la science continuera d’être, non pas un droit humain, mais une marchandise et sera offerte pour vente à qui ne la peut payer. Car il ne faut pas qu’il (ce peuple) devienne comme l’un de nous. Et il en sera de même tant que ce livre fatal, expression du vieil esprit aristocratique et autoritaire, pierre angulaire du privilége, sera dans l’école, chargé de détruire à leur source, chez l’enfant, le sens commun et le sens de la justice. Le jour où il disparaîtra, la science et la justice auront triomphé.
Et se disant toutes ces choses, l’horreur de ces iniquités séculaires fut si vive chez Sidonie, qu’elle repoussa le livre en murmurant, assez haut pour être entendue des élèves qui l’entouraient :
— Oh c’est odieux ! c’est infâme !
La pâle fille du sacristain tressaillit à ces paroles, et demeura un moment les yeux attachés sur l’institutrice. Ensuite, elle dit quelques mots tout bas à ses compagnes.