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Feuilleton de la République française
du 28 décembre 1871

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LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]


À la campagne, il existe entre les hommes et les femmes une démarcation d’autant plus tranchée que le milieu est moins cultivé. Complète et brutale chez les paysans, où la femme est la servante de l’homme, elle est encore très accentuée chez les bourgeois campagnards ; car on ne saurait croire — et certes on ne le leur ferait jamais avouer — combien ce milieu rural, qu’ils prétendent mépriser et dominer, les envahit, les pénètre et les fait siens, en dépit de l’habit qu’ils gardent. Dans le salon de Mme Favrart, pendant que les femmes, assises autour du feu, s’évertuaient à soutenir une conversation que glaçaient le mutisme et l’air rechigné de Mme Urchia, les hommes continuaient à parler d’un débat communal relatif à une citerne, mais

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre.