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était du moins dans le caractère de son rôle d’épouse. Car, voyez-vous, ce qui doit nous engager à nous incliner devant l’Église, c’est qu’elle enseigne et soutient les principes nécessaires au bon ordre. Et nous autres, que sommes-nous, sinon des instruments de bon ordre et de discipline ? On peut penser ce qu’on veut de la religion, mais elle est nécessaire. Enfin, comme je vous le disais, notre intérêt n’est pas de nous mêler du ménage de ces deux puissances. Les sots qui le font en sont toujours dupes ; elles se raccommodent à leurs dépens. Le recteur et le curé finissent toujours par s’entendre ; mais le curé est ici et le recteur là-bas. C’est avec le curé surtout qu’il faut être bien.

— Mais le devoir doit passer avant l’intérêt, dit Sidonie. Notre devoir est de former la raison des enfants et…

— La raison ! Allons donc, ma chère demoiselle, et que voulez-vous raisonner avec ces enfants de paysan ? De petites brutes ! Apprenez-leur à lire, écrire et compter ; c’est tout ce qu’ils ont besoin de savoir pour faire leurs affaires, et même ils s’en passeraient très-bien. L’utilité de l’école, c’est surtout de discipliner un peu ces petits sauvages et de leur fourrer dans la tête qu’ils ont des devoirs à remplir. Le catéchisme est excellent pour cela. Pour les filles, la couture, afin qu’elles sachent au moins raccommoder les vêtements du mari et des enfants. Eh ! mon Dieu, tenez, j’en ai une qui ne demande qu’à apprendre ; elle a une intelligence étonnante. C’est tout mon portrait, d’ailleurs ; l’autre ressemble à ma pauvre défunte. Eh bien, elle a manqué sa vocation celle là, ç’aurait dû être un garçon. Enfin, nous en ferons