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Et distinguée, vraiment, tout à fait distinguée ! Je vous assure que Mme la comtesse — si elle n’était pas Mme la comtesse — n’aurait rien de plus comme il faut. Vous aviez raison, mon cher, c’est tout à fait mon affaire. Et vous dites qu’elle joue du piano ?

— Parfaitement ! affirma M. Maigret, qui savait le plain-chant à peine.

— En vérité, c’est tout à fait mon affaire. Elle a même de l’esprit.

— C’est-à-dire qu’elle n’a presque pas parlé ; mais si elle s’était un peu lancée, vous auriez vu qu’elle pense et s’exprime très bien.

— Mais elle a dit tout ce qu’il fallait. Elle écoute les personnes capables. C’est une preuve de bon sens. Je l’ai trouvée très aimable.

— Pourtant, dit M. Maigret, qui y tenait, elle n’a presque rien dit.

— Je vous répète que c’est mieux, et j’en ai d’autant meilleure opinion. Eh bien, mon cher confrère, je vous remercie. Je crois que vous avez eu là une excellente idée. Elle n’a pas de dot, c’est là le hic. Mais vous dites que le mobilier ?…

— Très beau, je vous le répète, comme chez un bourgeois de Beauvais.

— Après tout, je sais bien qu’avec mes deux filles, je ne puis pas… À moins, comme je vous disais, de trouver une veuve riche, mais, dame ! ça se rencontre difficilement. Et puis, vrai, Mlle Jacquillat me plaît. Je suis sûr qu’avec sa figure et ses manières, elle s’implantera de suite dans la faveur de Mme la comtesse, et qu’on lui confiera l’éducation de Mesdemoiselles. C’est là, je vous l’avoue, mon ambition.

(À suivre)

ANDRÉ LÉO