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jets, d’efforts de combinaisons, d’essais fructueux, qui l’avait absorbée, emportée depuis six mois, elle n’était pas fâchée de se retrouver elle-même et ne savait trop encore ce qu’elle allait faire de son repos. Elle avait reçu des Maigret l’invitation réitérée de les aller voir et n’avait pas formellement accepté.

Mais combien elle se trouvait abandonnée, hélas, maintenant, dans cette maison, où ses pas seuls produisaient un peu de bruit, où sa seule compagne, la solitude, l’étreignait d’un froid de glace. Elle eût aimé revoir son vieil ami, M. Favrart, et ce Boïsvalliers, où elle avait fait l’apprentissage de sa vie d’ingrat labeur et de déceptions. Mais un autre désir plus fort la tenait au cœur, celui de rester à Messaux pendant les vacances de Rachel. L’amour nouveau qu’elle avait conçu pour sa tâche d’institutrice avait rendu ses regrets plus supportables, mais n’avait rien enlevé à cet amour maternel dont elle s’était fait un culte dans la douleur et l’absence, au point qu’elle se reprochait parfois les satisfactions qu’elle trouvait ailleurs. Elle attendit, tout en se livrant aux travaux d’aiguille, chefs-d’œuvre de patience et d’ingéniosité, que nécessitait le soin de sa garde-robe, le premier, dimanche qui devait amener Rachel à Messaux. Arrivée la première dans l’église, Sidonie vit entrer la chère enfant, conduite par sa mère et une religieuse. L’émotion si tendre qu’elle en éprouva fut pourtant un peu mélangée. Quelque chose d’étrange froissait ses yeux ; Rachel n’était plus tout à fait la même. Non, cette expression si vive, si confiante, que faussement on disait hardie, et qui baignait de lumière, ses yeux et