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une demi heure, et encore pas tous les jours ! L’écriture en allait de même, et tout le reste du temps, ce n’étaient que babillages, amusements au jardin et conversations.

— Qu’importe ? répondait Sidonie quand on lui présentait, sous forme plus timide, quelque observation dans ce sens ? qu’importe si elles n’en savent lire que plus tôt et écrire que mieux ?

Elle expliquait alors comment une demi-heure de véritable travail, c’est-à-dire d’attention intelligente, profite plus que des heures d’inattention et d’ennui, et comment les enfants, entourés de livres, de notes, d’inscriptions, d’images, qui piquaient leur curiosité, arrivaient à lire d’elles-mêmes, sans effort, par le simple exercice de la vue et de la curiosité.

Les bonnes mères l’écoutaient bouche béante, et souriaient de voir l’entrain et les figures joyeuses des enfants ; mais, parties, le préjugé les reprenait en chemin et elles recommençaient à s’associer au blâme des fortes têtes du village, et surtout de la coterie du presbytère.

Car M. le curé se plaignait vivement de la méthode et du peu de dévotion de Mlle Jacquillat. Elle ne s’approchait des sacrements que pour satisfaire à la règle expresse édictée par l’Église sous peine d’excommunication, c’est-à-dire à Pâques, une seule fois l’an ; et, non-seulement les élèves négligeaient le catéchisme ! Mais ces enfants, — des filles ! — témoignaient des tendances les plus coupables et l’on citait trois d’entre elles, qui en passant sur la route, avaient dit, en présence du cantonnier, qu’à présent on ne faisait plus à l’é-