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ses propres études morales, cette vive blessure se cicatrisait.

Chaque semaine, la pauvre institutrice trouva moyen de consacrer quelques sous à l’achat de substances destinées à produire des phénomènes physiques ou chimiques. C’était la fête du samedi soir, le feu d’artifice du travail. D’autres substances, quelques tubes et cornues, lui furent envoyées par M. Favrart. Elle organisa, chaque jeudi, une promenade minéralogique et botanique dans la campagne. On s’y occupait aussi beaucoup d’agriculture. Cette promenade était pour les enfants un bonheur ! Elles couraient bien un peu plus qu’elles n’étudiaient ; on entendait rouler leur frais rire, à travers les champs et les bois ; mais c’était toujours un peu de science et beaucoup de joie et de santé.

Ce fut pourtant cette promenade qui donna le signal d’un chœur de remontrances et de récriminations à Messaux.

D’abord, ça ne se faisait pas, argument qui, dans les petites localités surtout, est le premier, le plus important, et peut dispenser de tous les autres.

Mais les autres ne manquaient pas, et, s’ils n’étaient pas nécessaires, on n’avait garde de les oublier :

1° Céleste Magnin avait déchiré sa robe dans les épines ;

2° Les enfants étaient revenues, un jour d’orage, avec leurs vêtements, mouillés et crottés ;

3° Elles ne marchaient pas en rang, deux à deux, posément, ainsi que l’exige le bon ordre ; mais à la débandade, à leur bon plaisir, courant, criant, sautant les fossés, comme de vrais garçons.