Page:Leo - L Institutrice.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce soir-là, Sidonie leur fit une leçon de géographie dans le genre de celles qu’elle avait données à Rachel, et les laissa très intéressées par la variété des choses qu’elle fit passer sous leurs yeux. À partir de ce moment, elle s’efforça de rendre sensible et agréable aux enfants tout ce qu’elle leur enseignait ; elle varia peu à peu les exercices, réduisit ou étendit chaque sujet, suivant le degré d’intérêt qu’il pouvait offrir, écarta les difficultés, relégua dans un coin les définitions abstraites, et fit de la grammaire une conversation, de l’histoire un cours de morale pratique et de raison, de la géographie un voyage. On apprit la géométrie sur le sable de la cour, ainsi qu’autrefois Rachel ; on en fit aux récréations avec des balles, des cercles, des bâtons ; on joua des jeux où compter était nécessaire, et Sidonie obtint de la munificence du maire un boulier. On prit au jardin la leçon de botanique, et chaque jour, pendant la leçon de géographie — qui ne durait pas, celle-là, moins de deux heures pour les grandes, et qu’elles trouvaient toujours trop courte, on faisait la connaissance de quelque nouveau concitoyen de ce monde, éléphant ou fourmi, reptile ou oiseau. Après la leçon, le portrait du dit personnage, exposé à l’admiration publique, était reproduit par chaque élève et colorié. On riait beaucoup de ces dessins, dont la plupart étaient fort laids ; mais quand la gaieté menaçait de tourner en licence, l’institutrice priait les plus étourdies de quitter la classe ; on se taisait alors ; car le travail était devenu un plaisir. Il faut observer à ce sujet que les esprits les plus éveillés se rencontrant naturellement