le ciel, un horizon de montagnes resplendissantes, les hauts sommets de cet amour supérieur qui embrasse l’humanité tout entière et se donne sans exiger de retour. Elle en resta éblouie, tout émue. — Oui, les autres étaient aussi des Rachel. Elles avaient les mêmes besoins, les mêmes facultés, la même faiblesse et, par conséquent, les mêmes droits. Sidonie avait donc été bien coupable, concevant une méthode meilleure, de ne point la leur appliquer.
Mais il y avait des difficultés — sans doute ; mais il fallait les combattre, et l’institutrice n’avait rien fait pour cela. Était-ce donc seulement au recteur qu’elle devait compte de son enseignement ? N’était-ce pas avant tout à elle-même, à sa conscience ?
Revenant au souvenir de la scène du jour, elle ne trouva plus, à la place de sa colère, que le regret de son emportement et des dures punitions qu’elle avait infligées. Marie l’avait insultée, c’est vrai ; au fond du cœur de l’institutrice, pauvre, humiliée, vieillie sans amour, ce trait lancé par l’adolescente riche d’avenir, saignait encore : « Elle rêve un mari, quoiqu’elle soit trop vieille. » Elle voulut pardonner cependant, car ce mot était une attaque, moins qu’une vengeance, la vengeance de l’enfant contrainte dans sa liberté et négligée dans son développement, qui se sent doublement lésée.
Elle pardonna, et ne songea plus qu’au moyen de lever ces punitions, qui devaient ajouter aux heures de la classe la privation