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d’un regard et d’une voix terribles. Pas un mot de plus !

En ce moment, elle était la force et ne sentait plus que cette ivresse d’orgueil qui porte à la tête de ceux qui commandent, lorsqu’ils voient leur autorité contestée. La classe s’acheva au milieu d’un silence triste et dur, que la voix irritée de l’institutrice hachait de questions brèves, sèches, auxquelles répondaient les élèves d’un ton lamentable. Les petites pleuraient, et la plus petite de toutes poussa même des gémissements qui trouvèrent un écho dans le cœur de Sidonie, si ulcéré qu’il fut.

— Qu’avez-vous, Marceline ? lui demanda-t-elle.

— Mademoiselle, c’est que ça me fait mal aux genoux.

Et l’enfant, attendrie par sa propre plainte, éclata en sanglots.

Sidonie fut vivement émue ; cependant elle crut devoir faire un effort sur elle-même et d’une voix sévère :

— Vous avez tant ri que vous pouvez bien pleurer maintenant.

Mais elle vit arriver la fin de l’heure avec impatience, pour lever la punition des petites, et ce lui fut un autre soulagement quand la classe fut achevée. Le départ de ces enfants lui fut une délivrance. Elle se sentait près de les haïr. Ne se jouaient-elles