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leurs visiteuses, une somme de considération beaucoup plus manquée. Mlle Favrart avait été en pension à Versailles ; elle connaissait une amie de Sidonie ; les deux jeunes personnes se trouvèrent dès l’abord en certaine intimité. La question de toilette, vu l’état des paquets et des malles non encore défaits, empêchant décidément ces dames d’aller dîner chez Mmes Favrart, celles-ci les quittèrent ; mais quelques minutes après, la cuisinière vint apporter un panier contenant la part des deux invitées, avec mille excuses et compliments. Cette attention délicate fut pour l’âme et l’estomac double réconfort… Et la connaissance, ainsi entamée, eut tout d’abord cette ferveur que les nouvelles relations d’ailleurs ont presque toujours à la campagne.

De même, dans tout le village de Boisvalliers, pendant quelques jours, on n’eut d’autre sujet de conversation que l’institutrice. — Comment la trouvez-vous ? demandait-on.

Les hommes répondaient :

— Elle est jolie.

Et les femmes :

— Elle n’est pas mal.

Venaient ensuite les commentaires : on trouvait ces dames trop fières, trop bien mises pour leur état, et tandis qu’on énumérait les merveilles de leur mobilier : fauteuils et canapé de velours, rideaux de damas et de mousseline, glaces, cuivres dorés, etc., les bourgeois se sentaient blessés d’être égalés ou dépassés par l’institutrice, et les paysans riaient malignement du mélange de ce luxe et de cette pauvreté.

La toilette de Sidonie, le dimanche,