tombe maternelle, un instant soulevé par la pensée de l’enfant, venait de retomber sur elle plus écrasant. Combien de jours encore allait-elle être privée de Rachel ?
Elle attendit. Elle attendit, seule, frissonnante, le soir, dans la maison solitaire, où elle n’entendait plus d’autre bruit que les battements de son cœur et ses soupirs. Oh ! l’on était vraiment sans pitié pour elle ! On ne savait pas combien l’enfant lui était nécessaire. Elle ne pensait plus qu’à Rachel et parfois il lui passa dans la tête une pensée qui la couvrait d’une sueur froide. Non ! Ah ! non, certes, on ne voulait pas… Pour tout au monde, elle n’eût pas achevé d’exprimer… Non, cela ne pouvait pas être.
Un jour, elle partit à pied pour la ferme des Moreau, sentant bien qu’elle commettait une inconvenance, puisque c’était à elle, dans sa situation, d’attendre une visite, et qu’on ne l’appelait pas, mais n’y tenant plus.
En entrant dans la cour et dans la maison, elle cherchait des yeux Rachel, mais ne la vit pas. Mme Moreau reçut l’institutrice avec une froide surprise, et s’excusa de n’être pas allée la voir sur de grandes occupations qu’elle avait.
— Et Rachel, madame, elle est ici, n’est-ce pas ?
— Rachel, elle est là-haut à apprendre son catéchisme. Vous sentez, cette enfant a maintenant ses neuf ans ; il faut songer à la première communion. Elle n’en sait pas un mot de son catéchisme, c’est bien étonnant. Vous ne lui en avez rien appris ?
— Oh ! nous avions le temps…
— Mademoiselle, c’est la première chose. Il faut qu’un enfant, surtout une fille, ait