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Feuilleton de la République française
du 19 janvier 1872

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LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]


Dans le système d’éducation qui règne depuis le commencement du monde, l’humanité semble ne s’être jamais aperçue que toutes les grandes actions, que tous les progrès viennent de volontés libres, appliquées d’elles-mêmes à un but. Au lieu de ménager pour l’étude cette précieuse initiative encore plus nécessaire au travail de l’esprit qu’à celui du corps, on a fait de l’école un bagne et de l’écolier un forçat. Sans attendre les manifestations de la volonté de l’enfant, la volonté de l’homme pèse sur elle de tout son poids et l’écrase. Chose plus insensée dans l’ordre cérébral que partout ailleurs, puisque ici la force prétend contraindre l’insaisissable : On n’arrive qu’à figer l’esprit dans l’immobilité du corps, qu’à substituer des années de langueur à des heures d’activité, l’apathie du cerveau à son énergie, et il est permis de s’étonner que les résultats du système n’aient pas suffi par eux-mêmes à le renverser.

C’étaient le bonheur et la liberté qui de

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre 1871.