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que c’est mademoiselle qui est notre institutrice ?

— Oui, madame.

— Ah ! très bien, mademoiselle. J’en suis charmée. On vient de me dire, mesdames, que vous étiez arrivées, et j’ai pensé que nous ferions bien, ma fille et moi, de venir vous souhaiter la bienvenue et vous offrir nos bons offices. On est toujours embarrassé quand on arrive dans un pays qu’on ne connaît pas. Voulez-vous venir dîner à la maison ? sans cérémonie. Nous sommes là porte à porte. Ah ! j’oubliais de vous dire qui je suis : Madame Favrart. Vous devez avoir entendu parler… M. Favrart est l’adjoint, autant vaut dire le maire, puisque le maire sait à peine signer. C’est une manie de mon mari de n’avoir pas voulu être maire. M. Favrart est un bon homme, mais il a des entêtements… C’est ainsi qu’il n’a jamais dépassé le grade de capitaine ; car vous savez que c’est un officier retraité. J’avais beau solliciter pour lui, être bien avec le général et sa femme, on voyait un homme si insouciant, si peu intrigant ; et puis toujours le nez fourré dans les livres. Au fond, il est enchanté d’avoir sa retraite : il s’occupe bien de nous !… Et encore, même pour ses fonctions d’adjoint, si je ne le poussais pas, il laisserait tout à faire à M. Moreau, qui ne ferait rien. Ces paysans sont si bêtes ! Vous aurez fort à faire, si vous voulez rendre nos petites filles savantes. Enfin, pourvu que cela sache lire dans ses heures. Mais il ne faut pas croire qu’ils n’aient pas d’orgueil pour cela… Des prétentions !… Il faut bien prendre garde à ne pas manquer de les appeler monsieur